dimanche 29 novembre 2015

Pièges et sacrifices, Roger Smith


Gonflé  aux stéroïdes, le fils de Mike Lane, un riche Blanc du Cap, vient d’assassiner la fille qu’il a ramenée chez lui. Pas question pour sa mère que la police l’arrête et l’expédie à Pollsmoor, une prison dont il n’aurait que très peu de chances de ressortir vivant. Sans vergogne, elle accuse le fils de sa femme de ménage. Faible, Mike ne dit rien. Quant à la police, elle est trop heureuse de résoudre le meurtre et marche dans la combine.
Mais la femme de ménage a aussi une fille… et cette fille, elle, ne lâchera pas tant qu’elle n’aura pas rétabli la vérité. Dans une Afrique du Sud où les rapports Noirs-Blancs sont toujours tendus et où la police n’aime pas trop qu’on mette le nez dans ses affaires, l’histoire risque fort de mal finir…
Roman noir empli de pièges et de personnages perdus, Pièges et Sacrifices est une toile d’araignée machiavélique.

Machiavélique, c’est vraiment le mot qui, pour moi, résume ce livre. En fait, tout est une question de choix, c’est ce que va nous démontrer Roger Smith dans ce roman. L’action se déroule en Afrique du Sud, au Cap, dans une banlieue huppée, où caméras de surveillance et gardes privés sont légions. L’histoire met en scène d’un côté Michael Lane, un libraire, sa femme Beverley, femme d’affaires et leur fils Christopher, gloire montante du rugby. De l’autre côté, il y a Denise, la femme de ménage des Lane, Louise sa fille et Lyndall son fils. Un soir, Chris, va tuer la jeune femme qu’il a ramenée chez lui, et là le cauchemar commence pour tous les protagonistes. Beverley qui a l’ascendant sur son mari, réussit à le convaincre de faire accuser Lyndall, petite frappe sans envergure, une version qui arrange bien la police. Mais c’est sans compter l’acharnement que va mettre Louise à découvrir la vérité. Le personnage de Louise est un personnage très fort, sa relation  avec Mike est quasi filiale, elle lui voue admiration et respect, c’est grâce à lui qu’elle a pu faire des études et s’élever socialement. Mais elle est opiniâtre, elle est prête à tout pour faire éclater la vérité et elle nous fera plonger dans cette Afrique du Sud où malgré la fin de l’apartheid, les blessures ne sont pas refermées et où les discriminations ont pris d’autres formes. Et peu à peu, elle révèlera mensonges et secrets, et le cauchemar infernal ne s’arrêtera pas.
Cette histoire est machiavélique, elle nous met face à des personnages qui sous leur vernis, sont prêts à tout pour conserver ce qu'ils ont pu acquérir, que les choix qu'ils ont faits à un moment ou un autre, bons ou mauvais, les mènent là où ils sont aujourd'hui, que rien n'est dû au hasard. C’est un roman très sombre, âpre et violent,  qui laisse peu de place à l'espoir, on  se demande où est passé ce peuple "Arc en ciel" dont on a tant entendu parlé. On sort de cette histoire réellement sonné tant les personnages sont justes et le style de Roger Smith parfait pour cette histoire impitoyable. Un excellent polar comme je n'en avais pas lu depuis longtemps. 

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