dimanche 24 août 2014

Purgatoire des innocents, Karine Giebel


Je m’appelle Raphaël, j’ai passé quatorze ans de ma vie derrière les barreaux. Avec mon frère, William, et deux autres complices, nous venons de dérober trente millions d’euros de bijoux. Ç’aurait dû être le coup du siècle, ce fut un bain de sang. Deux morts et un blessé grave. Le blessé, c’est mon frère. Alors, je dois chercher une planque sûre où Will pourra reprendre des forces.
Je m’appelle Sandra. Je suis morte, il y a longtemps, dans une chambre sordide. Ou plutôt, quelque chose est né ce jour-là...
Je croyais avoir trouvé le refuge idéal. Je viens de mettre les pieds en enfer.
Quelque chose qui marche et qui parle à ma place. Et son sourire est le plus abominable qui soit...

Lecteur attention : en ouvrant ce livre, tout comme Raphaël, vous « mettez les pieds en enfer »…
L’histoire débute par un casse dans une bijouterie et ce qui aurait pu être banal, va devenir hors du commun tant la violence et la perversité sont omniprésentes. Les personnages sont happés par une spirale infernale que rien ne laissait entrevoir. Tout d’abord il y a Raphaël, le chef de la bande, casseur « à l’ancienne », avec son code d’honneur ; son petit frère William qui voue une admiration sans borne à son aîné ; puis Fred, un ancien compagnon de route de Raphaël et enfin Christel, la petite amie de Fred. Tous les quatre font un casse qui se termine par une fusillade : un flic et une passante sont tués, et William est blessé. S’ensuit une course poursuite avec les forces de l’ordre à qui ils parviendront à échapper. Devant la gravité de la blessure de Will, ils s’arrêtent dans un petit village où le corps médical est représenté par une vétérinaire, Sandra, qu’ils vont prendre en otage et séquestrer le temps que Will soit en mesure de poursuivre la route. Sandra vit à l’écart du village, son mari est en déplacement et ne devrait pas tarder à rentrer ; Raphaël est confiant, il ne craint pas un otage en plus. Et c’est là toute son erreur. Va commencer alors un huis-clos implacable qui nous entraîne dans des abîmes sans fond. Karine Giebel ne nous lâche pas une seconde. Au travers de ses personnages elle nous entraîne toujours plus loin dans la perversité et l’horreur et j'ai eu beaucoup de mal à lire certains passages, tant la violence était présente, c’était parfois à la limite de l’overdose. Elle nous plonge dans la noirceur de la nature humaine sans nous laisser respirer un seul instant jusqu’au dénouement final. Ses personnages sont ciselés à la perfection, les émotions sont exacerbées au maximum et sa maîtrise transforme un banal fait divers en une intrigue vertigineuse qui nous mène tout droit en enfer.  Je suis sortie totalement KO de cette lecture et je me demande ce que Karine Giebel nous réserve dans son prochain livre et ce qu'elle pourra faire de mieux dans le "pire" que ce « Purgatoire des innocents ».


dimanche 17 août 2014

Demain j'arrête, Gilles Legardinier


Et vous, quel est le truc le plus idiot que vous ayez fait de votre vie ? Au début, c’est à cause de son nom rigolo que Julie s’est intéressée à son nouveau voisin. Mais très vite, il y a eu tout le reste : son charme, son regard, et tout ce qu’il semble cacher... Parce qu’elle veut tout savoir de Ric, Julie va prendre des risques de plus en plus délirants... 

Voici un peu de détente entre deux thrillers… Julie, célibataire un peu « Madame Folledingue » se met en tête de savoir qui est ce mystérieux voisin qui vient d’emménager au-dessus de chez elle, et comme elle ne fait pas « dans la dentelle », les situations abracadabrantes et les quiproquos s’enchaînent à la vitesse grand V. Elle est entourée d’une galerie de personnages aussi délirants qu’improbables, en passant de ses copines totalement déjantées à son ami d’enfance et sa fameuse XAV-1 ou encore sa boulangère. Le rythme est enlevé, les chapitres courts et le tout se lit rapidement et aisément. C’est une histoire « gentille » qui respire les bons sentiments, l’idéal pour la plage… mais pas plus.

Le tueur de l'ombre, Claire Favan


Will Edwards, tueur en série de la pire espèce, parvient à s’évader grâce à un mystérieux complice. RJ Scanlon, profiler et chef d’une équipe d’enquêteurs du FBI qui l’avait lui-même mis sous les barreaux, part à nouveau sur les traces de son ennemi le plus intime. Intime au point que cette évasion perturbe le couple que l’enquêteur forme désormais avec Samantha, qui n’est rien moins que... l’ex-épouse du criminel qu’elle a livré à la police. Nul doute que Will Edwards veut sa vengeance. 
Inexplicablement, l’assassin reste inactif et les mois s’écoulent. RJ Scanlon est dans l’impasse. Mais, lorsque les meurtres reprennent, plus cruels que jamais, Edwards frappe au plus juste avec une telle évidence que le doute s’installe. De subtiles variations dans la signature du dément sont perceptibles. Ont-ils affaire à un imitateur? Non, bien pire...

Au début de ce « Tueur de l’ombre » Will Edward est en prison, Samantha (son ex épouse) est en couple avec RJ Scanlon et ils ont un bébé. Tout est donc parfait dans le meilleur des mondes. Sauf que… Il suffira d’un coup de téléphone annonçant l’évasion de Will pendant un transfert pour que toutes les certitudes s’effondrent. Sam et RJ savent que Will va chercher à se venger et leur vie va tourner au cauchemar, d’autant plus que tout laisse à penser que Will a bénéficié d’une complicité lors de son évasion. Leurs nerfs sont mis à rude épreuve car pendant des mois, rien ne se passe, Will Edward semble s’être évaporé dans la nature… Jusqu’au jour où les meurtres reprennent, encore plus violents et pervers qu’auparavant, et même si la signature n’est pas tout à fait la même, tout laisse à penser que Will a repris du service. Et à partir de là, tout va s’enchaîner : la traque du tueur, les doutes de RJ sur le bien-fondé de son couple, Samantha à nouveau pointée du doigt par la police et la presse… Tous les personnages sont fragilisés, confrontés à leurs doutes, ils sont rattrapés par le passé et poussés dans leurs retranchements, ils n’auront pas d’autre choix que d’aller au bout d’eux-mêmes pour échapper à ce cauchemar. 
Dans cet opus, Claire Favan met plus en avant la psychologie des personnages que dans « Le Tueur Intime », elle les confronte à leur propre noirceur, victime et bourreaux se confondent, et on arriverait (presque) à avoir de la compassion pour Will… et malgré quelques longueurs, elle réussit encore une fois à nous tenir en  haleine de la première à la dernière page. 

dimanche 3 août 2014

Les douze, Justin Cronin


Dans Le Passage, Justin Cronin avait imaginé un monde terrifiant, apparu à la suite d’une expérience gouvernementale ayant tourné à l’apocalypse. Aujourd’hui, l’aventure se poursuit à travers l’épopée des Douze, le deuxième volet de la trilogie monumentale de Justin Cronin.

De nos jours. Alors que le fléau déclenché par l’homme se déchaîne, trois étrangers naviguent au milieu du chaos. Lila, enceinte, est à ce point bouleversée par la propagation de la violence et de l’épidémie qu’elle continue de préparer l’arrivée de son enfant comme si de rien n’était, dans un monde dévasté. Kittridge, surnommé "Ultime combat à Denver" pour sa bravoure, est obligé de fuir pour échapper aux mutants viruls, armé mais seul et conscient qu’un plein d’essence ne le mènera pas bien loin. April, une adolescente à la volonté farouche, lutte, dans un paysage de ruines et de désolation, pour protéger son petit frère. Tous trois apprendront bientôt qu’ils n’ont pas été totalement abandonnés – et que l’espoir demeure, même au coeur de la plus sombre des nuits.
Cent ans plus tard. Amy et les siens – les héros du premier volet de la trilogie, qui se battaient dans Le Passage pour le salut de l’humanité – ignorent que les règles du jeu ont changé. L’ennemi a évolué. Les douze vampires modernes à l’origine de la prolifération des viruls ont donné naissance à un nouveau pouvoir occulte, incarné par le maléfique Horace Guilder, avec une vision de l’avenir infiniment plus effrayante encore.

Tout comme avec Le Passage, le premier opus de cette trilogie, il est difficile de parler de ce livre sans en dévoiler l’histoire.
Dans un premier temps, Les Douze nous entraîne 5 ans après l’invasion des viruls, ces humains devenus vampires à la suite d'expériences scientifiques. Cronin nous remet ainsi en mémoire les grandes lignes du Passage pour ensuite, nous faire faire un bon de 100 cents dans le temps. Dans cette seconde partie, le pouvoir est aux mains de Horace Guilder, un virul démoniaque qui règne sur une nouvelle société : "la nation". Il a tiré profit de cette apocalypse et a créé une société où règnent le chaos et la terreur, la majorité des humains sont réduits au rang d’esclave et chacun tente de survivre comme il peut. D’un autre côté, la résistance s’organise avec à sa tête Sergio, les attentats contre le pouvoir en place se multiplient et les représailles laissent toute la population exangue. Certaines descriptions nous replongent dans cette période sombre de la Seconde Guerre Mondiale et nous donnent cette même vision cauchemardesque de l’humanité. Et tout au long de cette histoire, on retrouve des personnages du précédent tome comme Peter, Alicia, Sarah ou Mickael tandis que de nouveaux apparaissent, mais le personnage principal, le fil rouge de l’histoire, c’est toujours Amy, "la fille de nulle part". Cronin nous livre des personnages très denses, on les aime, on les plaint, on s’y attache, on les déteste, et à travers eux, il a l’art et la manière d’entraîner le lecteur là où il le souhaite. Et même si je trouve ce deuxième volet plus noir que le précédent, avec ce face à face entre cette horde de viruls d’une brutalité terrifiante et les humains d’avant, il n’en reste pas moins que c’est un page-turner redoutablement efficace et gageons que le troisème volet à venir sera aussi intense.