mercredi 8 mars 2017

Jonah Lomu, l'autobiographie

Disparu en novembre 2015 à 40 ans, Jonah Lomu restera pour toujours une icône du rugby. Le Néo-Zélandais a été la première superstar de l'ovalie. Dans son autobiographie, il se livre comme jamais, retrace son parcours sportif et évoque sa vie en dehors des terrains. Une vie intense, parfois explosive. Lomu aborde avec beaucoup de sincérité les moments importants : bonheurs, déceptions, conflits, trahisons, réconciliations, sans oublier la maladie, omniprésente durant toute sa carrière. Face aux difficultés, Jonah est toujours resté joyeux et optimiste.
Plus de dix ans se sont écoulés depuis le dernier match de Jonah Lomu avec les All Blacks mais il reste le visage du rugby le plus reconnaissable de la planète.

Jonah Lomu : que l'on s'intéresse ou pas au rugby, tout le monde connaît ce nom. N'est pas une légende qui veut !
Dans cette autobiographie, Jonah Lomu se livre sans détours, il raconte son enfance difficile, les relations tendues avec son père, ses erreurs, ses joies, ses débuts dans ce sport qui va tout lui apporter et qui va guider sa vie. Chapitre après chapitre, on retrouve une personnalité attachante qui n'était pas seulement un prodige du rugby, mais un homme vrai et sincère. Il se confie sur cette maladie, épée de Damoclès en permanence au dessus de sa tête, mais jamais il ne se laissera abattre, supportant des traitements très lourds l'obligeant à s'éloigner des terrains pendant des mois et le laissant diminuer. Mais le combat était inégal et il devait y succomber en 2015.
Par dessus tout, il nous fait partager cet état d'esprit des All Black et sa fierté de jouer sous ce maillot noir qui représente un honneur pour tout joueur néo-zélandais. Il nous raconte les souvenirs de matches, mais je crois que celui qui restera en mémoire, c'est cette finale de la Coupe du Monde de 1995 contre l'Afrique du Sud dont on connaît le résultat…
S'il ne fallait retenir qu'une phrase de ce livre, je pense que celle de Jeff Wilson résume parfaitement à elle-seule ce livre "Il n'y aura jamais d'autre Jonah Lomu. Jamais".

Merci à Babelio et à Talent Sport pour ce moment de lecture.
 
 
 
 

dimanche 13 novembre 2016

Golda Meir, une vie pour Israël - Claude-Catherine Kiejman


« Le jour où on écrira l’Histoire, on dira que c’est une femme qui a permis à l’État juif de voir le jour. »
David Ben Gourion.
Qui aurait pu imaginer un tel destin ? Née à Kiev en 1898, Golda Meir fuit avec sa famille la terreur des pogroms et trouve refuge aux États-Unis en 1906. À 23 ans, elle émigre en Palestine avec son mari et s’installe dans un kibboutz. Militante infatigable de la cause sioniste, elle signe la déclaration d’indépendance d’Israël le 14 mai 1948.
Ministre du Travail, ministre des Affaires étrangères, secrétaire générale du Parti travailliste, elle est nommée Premier ministre en 1969, à l’âge de 71 ans.
Femme de caractère, Golda Meir a toute sa vie répugné à se livrer. Près de quarante ans après sa mort, Claude-Catherine Kiejman enquête avec finesse sur les ressorts de cette personnalité hors du commun. On découvre alors une grande figure de l’histoire du XXe siècle.

Raconter la vie de Golda Meir c’est raconter l’histoire de l’Etat d’Israël. Pourtant rien ne destinait cette femme à devenir cette figure incontournable de la construction d’Israël. Née à Kiev, elle a 7 ans quand elle part avec sa mère et ses deux sœurs rejoindre son père qui a émigré quelques temps auparavant aux Etats-Unis. Même si tout n’est pas facile dans ce pays pour ces nouveaux émigrants juifs, pour Golda Meir, ce pays est le pays de tous les possibles : elle va refuser l’avenir que lui préparent ses parents et s’enfuir de la maison familiale. Dès son adolescence, elle sera une ardente défenseuse du sionisme-socialiste et rejoindra quelques temps plus tard un kibboutz en Palestine. Toute sa vie durant, elle se battra pour créer cet état où chaque Juif pourra vivre en sécurité et ce, au prix du sacrifice de sa vie de femme et de mère. Enfin, après bien des combats et des renoncements, cet Etat d’Israël sera créé en 1948. Mais son engagement politique ne s’arrêtera pas là, elle occupera différents ministères sous l’autorité de Ben Gourion avant de devenir Premier Ministre en 1969 à l’âge de 71 ans. Elle s’éteindra à 80 ans, quelques mois après sa rencontre historique avec Anouar al-Sadate à la tribune de la Knesset.

Claude-Catherine KIEJMAN nous livre ici la vie d’une femme hors du commun et à travers ce récit, elle nous éclaire sur le conflit israélo-palestinien et nous aide à en comprendre les enjeux et le contexte. Très documentée, cette biographie passionnante se lit comme un roman sans aucun temps mort. 
Merci à Babelio et aux Editions Tallandier pour ce passionnant moment de lecture.






lundi 25 juillet 2016

Miettes de sang, Claire Favan

Poplar Bluff, petite ville du Missouri. Aux yeux de ses habitants, Dany Myers est un raté, un faible, indigne du souvenir qu'a laissé son père, ancien et bien-aimé capitaine de la police locale. Poussé par sa mère à rejoindre à son tour les forces de l'ordre, il y exécute sans broncher les tâches subalternes, encaisse les vexations et fuit tout conflit. Jusqu'à ce qu'une étrange vague de meurtres, suivie de suicides, endeuille la communauté. Cette affaire, que tous souhaitent étouffer, sera son affaire. Pour la première fois de sa vie, Dany brisera le silence – à ses risques et périls... 

Dany Myers, est l’anti héros par excellence : aucun charisme, totalement sous la coupe d’une mère possessive, incapable d’aller jusqu’au bout de ses sentiments amoureux et considéré comme le mauvais flic de service par ses collègues. Il subit humiliations et brimades sans sourciller, et son avenir ne semble pas des plus réjouissants. Mais quand éclate au sein de familles de Poplar Bluff une série de massacres suivis du suicide du meurtrier, il veut prouver qu’il est capable de résoudre cette enquête. Il va se heurter à des flics corrompus, à la loi du silence et va se retrouver face à un passé qu’il avait totalement effacé de sa mémoire.
Claire Flavan nous plonge une nouvelle fois dans une intrigue palpitante, sans temps mort. Peu à peu, au fil des pages elle nous entraine dans la noirceur de l’âme humaine et nous livre des personnages à la psychologie torturée. Les chapitres courts et l’écriture fluide, rendent la lecture totalement addictive et on retrouve tout le talent de l’auteure dans une fin sans pitié pour le lecteur. 

mercredi 20 juillet 2016

Criminel, Karine Slaughter


La vie paraît sourire à Will Trent, du Bureau d’Investigations de Georgia. Il vient de tomber amoureux et commence à enterrer son passé trouble lorsqu’une jeune étudiante disparaît et que son chef, Amanda Wagner, la directrice-adjointe du GBI, sans aucune explication, le tient à l’écart de l’enquête.
Will s’interroge, les cas de disparitions se multiplient. Que faisait Amanda dans l’orphelinat désaffecté d’Atlanta où il a grandi ? Se recueillerait-elle, elle aussi, sur un lieu de mémoire ? Il semblerait que l’affaire qui a lancé la carrière d’Amanda, quarante ans plus tôt, ait soudain refait surface. Et les deux policiers vont devoir affronter les démons d’une enfance qui les hantent…

J'étais restée plutôt mitigée après « Broken » et « Séduction », les deux derniers romans de Karin Slaughter que j'avais lus. Dans celui-ci on retrouve tous les personnages récurrents : Sara Linton, Will Trent, Amanda Wagner, Evelyn et Faith Mitchell… On va les suivre dans une enquête qui a lieu de nos jours en parallèle avec la première enquête menée en 1974 par Amanda et Evelyn, alors jeunes recrues dans la police. Mais quand Amanda va mettre Will à l'écart de l'investigation sans aucune explication, il va mettre encore plus d'acharnement à découvrir le pourquoi du comment, et il va se retrouver face à ce passé qui le hante et qu'il était bien décidé à oublier. L'intrigue est passionnante, elle va nous faire découvrir enfin les liens qui unissent les protagonistes entre eux et le parallèle entre les deux époques donne une autre « épaisseur » à l'enquête. Avec cette plongée dans les années 70 on découvre combien il était difficile pour une femme de se faire une place dans la police, univers macho s'il en faut et voir toutes les humiliations qu'elles devaient subir, seules les plus « acharnées » pouvaient résister,  Mais hormis le monde du travail, c'est au quotidien qu'elles devaient se battre pour avoir le droit d'exister en tant que femme dans une société qui leur refusait ne serait-ce que d'ouvrir un compte en banque sans l'accord d'un père ou d'un mari…
« Criminel » me réconcilie totalement avec Karin Slaughter, intrigue, personnages, tout est au rendez-vous pour passer un excellent moment de lecture.

vendredi 29 avril 2016

Le philosophe qui n'était pas sage, Laurent Gounelle

Entre Elianta, la chamane d'un peuple vivant dans la forêt tropicale, et Sandro, un mystérieux étranger qui se dit philosophe, la lutte s'engage. L'une va tout faire pour protéger le bonheur des siens. L'autre s'est juré de détruire leur bel équilibre.
Après le décès de Tiffany, Sandro, professeur de philosophie, décide de partir au fin fond de la forêt tropicale pour se venger de la tribu d'indiens qu'il juge responsable de la mort de sa compagne. Il fait appel à d'anciens mercenaires reconvertis en guides pour atteindre le village. Sa première idée était d'anéantir totalement le village et ses habitants, mais sa vengeance va devenir beaucoup plus « subtile » : pervertir ce peuple heureux qui vit en parfaite harmonie avec la nature. Peu à peu, les indiens vont découvrir l'individualisme, la violence, la jalousie, et parallèlement les mercenaires vont faire l'expérience de l'exaltation qu'apporte le pouvoir de l'homme sur l'homme. Petit à petit, ce village va devenir le reflet de nos sociétés de consommation, avec ses dérives, ses contradictions et cette course au pouvoir. 
Laurent Gounelle nous fait une démonstration diablement efficace, son style est fluide et la lecture aisée. Mais le tout est peut-être un peu trop limpide, point de suspens, on sait où il veut nous emmener et il y arrive sans aucun souci. Autre bémol : la fin, trop "gentille", que je ne trouve pas en adéquation avec le reste, ce n'est pas cette "solution" que j'aurais choisie…

mercredi 27 avril 2016

Le retour du professeur de danse, Henning Mankell

Décembre 1945. Dans l'Allemagne vaincue, un passager solitaire descend d'un avion militaire britannique et se rend à la prison de Hameln. Là, il procède à la pendaison de criminels de guerre nazis. Mais l'un d'eux a échappé à son sort. Octobre 1999,dans le nord de la Suède, Herbert Molin, un policier à la retraite, est torturé à mort. Dans sa maison isolée, les empreintes sur le parquet semblent indiquer que le tueur a esquissé un tango sanglant avec sa victime. Ici, ce n'est plus le commissaire Wallander qui mène l'enquête. Au même moment, à l'autre bout de la Suède, le jeune policier Stefan Lindman apprend deux mauvaises nouvelles : il a un cancer et son ancien collègue a été assassiné. Pour tromper son angoisse, il décide de partir dans le Härjedalen et d'enquêter lui-même sur ce meurtre. Or, les ombres d'un passé très noir se sont réveillées. Elles ont frappé. Elles vont frapper encore et encore. Stefan a peur. Mais il est jeune, malade. Il ignore combien de temps il lui reste à vivre. Il n'a rien à perdre.
Mon premier Mankell  et un gros coup de cœur pour ce polar qui nous plonge dans un univers très sombre. Stefan Lindman, jeune flic de 37 ans apprend qu'il est atteint d'un cancer de la langue et une mauvaise nouvelle n'arrivant jamais seule, c'est le meurtre de
son ancien collègue et mentor, qu'il découvre en ouvrant le journal. Condamné à prendre du repos avant le début de son traitement, il décide de savoir ce qui est arrivé et part mener l'enquête de façon officieuse. Et cette enquête va lui faire découvrir que Herbert Molin a un passé qui se confond avec l'histoire du nazisme, et que cette « ambiguité » de la Suède (et d'autres pays scandinaves) envers le IIIe Reich a encore des répercussions aujourd'hui et que se voiler la face n'est pas la bonne solution. Alors s'agit-il d'une vengeance ou d'un simple meurtre ? Mankell va nous conduire à la réponse de façon méthodique, imparable, dans une atmosphère trouble. Le tout est servi par des personnages dont on retiendra la profonde humanité, ils trainent leurs angoisses et leurs doutes, leurs questionnements rendent l'atmosphère plus pesante encore. Implacable, c'est ainsi que je résumerais ce polar. Une belle découverte que cet auteur qui nous a malheureusement quittés mais il laisse derrière lui une bibliographie bien fournie qui me promet de beaux moments de lecture à venir.

lundi 4 avril 2016

Les croassements de la nuit, Preston & Child

Medicine Creek, un coin paisible du Kansas. Aussi, quand le shérif Hazen découvre le cadavre dépecé d’une inconnue au milieu d’un champ de maïs, il se demande s’il ne rêve pas : le corps est entouré de flèches indiennes sur lesquelles ont été empalés des corbeaux. Œuvre d’un fou ? Rituel satanique ? Il faut le flair de Pendergast, l’agent du FBI, pour comprendre que cette sinistre mise en scène annonce une suite.
Qui sème parmi les habitants une épouvante d’autant plus vive qu’il ne fait pas l’ombre d’un doute, pour Pendergast, que le tueur est l’un d’eux...


Encore un petit bijou du fameux duo Preston & Child. C’est toujours un plaisir de retrouver Aloysius Pendergast, agent du FBI, un peu dandy et totalement déroutant. L’intrigue est elle aussi déroutante, on se retrouve dans un village de l’Amérique profonde, au milieu de nulle part, où des crimes sauvages sont commis. Leur mise en scène attirent bien évidemment Pendergast qui, contrairement à ses habitudes, s’allouent une assistante en la personne d’une jeune autochtone, gamine paumée qui n’entre pas dans le cadre et qui va apporter un peu de fantaisie dans sa vie. Les crimes vont se succéder, plus sauvages les uns que les autres, déconcertant les enquêteurs du cru. Le passé va ressurgir en laissant planer sur tous ces crimes légende et malédiction, apportant un zest de surnaturel à l’enquête. Le tout est mené tambour battant jusqu’au dénouement et encore une fois, Preston & Child nous entraînent dans une histoire qui nous tient en haleine de bout en bout.

vendredi 1 avril 2016

Séduction, Karin Slaughter

Evelyn, la mère de Faith Mitchell, a passé quarante ans dans la police avant de prendre sa retraite. Elle répond toujours au téléphone. Sauf aujourd’hui. Sur place, Faith découvre l’empreinte d’une main ensanglantée sur la porte de la maison. Elle semble oublier ce qu’elle a appris à l’école de police et entre en brandissant son pistolet : un homme gît au sol et un autre est tenu en otage dans la chambre. Pas de trace de sa mère. ”Vous savez pourquoi nous sommes ici. Vous nous le filez et nous la laissons partir”. De quoi parlait-il ? Faith n’en avait aucune idée. Sa mère était une veuve de soixante-trois ans. Ce qui avait le plus de valeur dans sa maison, c’était le terrain sur lequel elle était bâtie. Pour retrouver sa mère, elle aura besoin de l’aide de Will Trent, son coéquipier, et du médecin urgentiste Sara Linton. Mais à présent, elle n’est plus une simple policière, elle est témoin et, plus tard, sera suspecte. Son enquête l’amènera à franchir la frontière derrière laquelle s’abritent la corruption policière, le chantage et même des meurtres. Et si Faith devait renoncer, il faudra qu’elle accepte que la vérité soit dissimulée à jamais.

Je ressors très mitigée de cette lecture au même titre que ce que j’avais ressenti à la fin de "Broken" le précédent opus de Karine Slaughter que j’avais lu. Pourtant l’intrigue en elle-même est passionnante et nous entraine dans une enquête un peu particulière puisqu’il s’agit de la disparition de la mère de Faith. C’est un véritable plaisir de retrouver les personnages de Faith, Will et Amanda, cette équipe de choc liée non seulement par leur travail mais aussi par des sentiments plus profonds de respect et d’amitié. Par contre, le personnage de Sara est aussi ennuyeux que dans "Broken", elle semble catapultée dans l’intrigue par l’auteure mais son personnage n’apporte rien à l’histoire et sa relation avec Will n’a aucune crédibilité. Heureusement l’intrigue ne laisse aucun temps mort, Karin Slaughter nous entraîne sur différentes pistes, le rythme est comme toujours soutenu. Elle fait évoluer les personnages au fil de l’enquête, faisant ressortir les points forts et les points faibles de chacun, leur complexité. Un bon thriller donc dans son ensemble, mais par un "excellent thriller" comme Karin Slaughter peut en écrire. A voir ce que donnera le suivant "Criminel" qui regroupe ces personnages et aussi "Pretty Girl" un thriller qui n’a rien à voir avec cette série.

dimanche 21 février 2016

Noureev, confession inédites

Rudolf Noureev, le plus célèbre danseur de tous les temps, se livre entièrement dans ce témoignage inédit en France. Ce texte paraît en 1962, date à laquelle le fougueux danseur devient une star internationale. Étoile du ballet soviétique du Kirov, il choisit le 16 juin 1961, lors de sa première tournée en France, de passer à l’Ouest avec fracas, en faussant compagnie aux gardes du KGB à l’aéroport du Bourget. Star du jour au lendemain pour cet acte considéré à tort comme politique, Noureev, génie de la danse, allait conquérir les plus grandes scènes et révolutionner l’art du ballet.Dans ce texte, Noureev n’a pas seulement de flamboyants débuts à raconter, mais un destin à faire découvrir. Le destin d’un petit garçon soviétique né dans une grande pauvreté, et en passe de devenir une superstar occidentale façonnée par la toute-puissance médiatique des années 1960 et le contexte oppressant de la guerre froide.Toute la personnalité de Noureev y figure déjà, dans cette enfance nomade, dans ce caractère entier et volontaire, source de mélancolie mais atout essentiel pour oser transgresser l’autorité familiale, politique et artistique de son temps.

Cette autobiographie, qui vient juste d’être publiée en France, était avant tout un acte de survie pour Rudolf Noureev, elle lui a permis de rester en pleine lumière et cette médiatisation lui a sûrement sauvé la vie. En effet, elle paraît en 1962, quelques mois après qu’il ait décidé de fuir la Russie et de demander l’asile politique à la France. Il devint un traite à la toute puissante Russie et le KGB souhaitait l’éliminer. Pourtant, ce geste n’est pour lui en aucun cas politique, c’est la seule façon de pouvoir danser en "toute liberté". Si cet ouvrage nous fait découvrir (ou redécouvrir) sa vie, avec sa naissance dans une famille pauvre, un père qui ne veut pas qu’il devienne danseur mais surtout, qui n’a pas les moyens de lui payer le billet de train pour Leningrad où il aurait pu auditionner pour entrer à  l’école de danse, il nous permet avant tout de retrouver un être d’exception pour qui la danse était toute la vie. Son incroyable soif de perfection faisait de lui un bourreau de travail, jamais satisfait, pensant pouvoir toujours faire mieux, et qui voulait moderniser la danse, permettre au danseur de donner toute son émotion au mouvement, et non pas être une marionnette reproduisant ce qui s’était déjà fait. Mais cette recherche de la perfection en a fait également un être fragile, tourmenté et colérique, exigeant avec les autres mais encore plus avec lui-même. Ce danseur hors du commun fut élevé au rang de rock star, et aujourd’hui encore, plus de vingt ans après sa mort, il est toujours considéré comme un génie de la danse classique. J’ai lu cette autobiographique d’une seule traite, et si je connaissais les grandes lignes de la vie de Noureev,  là je suis entrée dans sa vie intime, de ses souvenirs d’enfance parfois incertains jusqu’à sa consécration.

Merci à Babelio et aux Editions Arthaud de m'avoir permis de redécouvrir cet immense artiste.





dimanche 10 janvier 2016

L'heure trouble, Johan Theorin

À l’heure trouble, entre chien et loup, un enfant disparaît sans laisser de trace dans les brouillards d’une petite île de la Baltique. Vingt ans plus tard, une de ses chaussures est mystérieusement adressée à son grand-père. Qui a intérêt à relancer l’affaire ? Et pourquoi toutes les pistes conduisent-elles à un criminel mort depuis longtemps ? Dans une oppressante atmosphère de huis clos, une histoire de deuil, d’oubli et de pardon, hantée par les ombres du passé. Numéro un des ventes en Suède, déjà traduit dans une dizaine de pays, ce suspense complexe et envoûtant a été élu Meilleur roman policier suédois 2007 par la Swedish Academy of Crime.

Après «Froid Mortel», c’est avec plaisir que j’ai retrouvé Johan Theorin, avec ce roman qui est son premier. Avec cette "Heure trouble", il nous entraîne dans une intrigue à l’atmosphère non seulement angoissante mais aussi envoûtante. Les personnages sont justes : Gerlof, le père âgé de 80 ans et Julia sa fille, quadragénaire dépressive. Entre les deux, le lien est rompu depuis ce jour où Jens, le petit garçon de Julia a disparu alors qu’il était sous la garde de son grand-père. Et quand Gerlof reçoit vingt ans plus tard une des chaussures de l’enfant, la douleur de Julia qui ne s’est jamais éteinte va reprendre le dessus et elle voit là une chance de comprendre enfin ce qui est arrivé à son fils. Julia va faire équipe avec son père rongé par la culpabilité, et ils vont essayer tant bien que mal de trouver la réponse à leur question. La tension psychologique est maintenue de la première à la dernière page, les flashback rythme l’ensemble et on a l’impression d’être happé par cette brume omniprésente. Johan Theorin nous fait partager la douleur, la culpabilité et la tristesse des personnages, et au-delà de l’intrigue policière, il nous donne à réfléchir sur la famille, la solitude. Son écriture précise donne à l’émotion toute sa dimension et nous conduit jusqu’au dénouement final qui nous laisse un goût amer. Une très belle lecture.